Ces 5 mots sont les mots clés de notre vie bénédictine. Au jour le jour ils soutiennent notre vie donnée au Père
Écoute
"Écoute mon fils les paroles du maître". C'est par ces mots que commence la Règle des moines, texte écrit vers l'an 540. Toute la discipline de la vie monastique est résumée en ce mot "écoute". Une écoute non pas contestataire, qui cherche la faille, mais l'écoute du disciple qui désire s'instruire et s'enrichir de la sagesse transmise par un autre. C'est une disponibilité intérieure de la personne, un accueil plénier de celui qui désire se mettre à l'école d'un maître. Elle est une forme de l'obéissance ainsi que le laisse supposer l'étymologie latine du mot.
Partage
Est-il possible de vivre, même sobrement, sans penser à ceux qui nous entourent ? Le partage se vit à toutes les dimensions, aussi bien dans notre vie commune et l'entraide fraternelle, qu'en restituant à ceux qui manquent une partie de ce qui nous a été confié pour que nous le fassions fructifier. Ainsi chaque année nous reversons à un compte de solidarité 10 % de toutes nos recettes, qui sont affectés à des plus démunis que nous.
Prière
Elle est l'expression la plus profonde de notre vie de relation avec Dieu. Prier, ce n'est pas dire des paroles, même si toute relation suppose un langage, mais c'est d'abord tourner son cœur vers Dieu. Aucune formule n'est indispensable, mais simplement l'adhésion intime à tout ce que Dieu veut pour nous. La prière n'a pas pour but de renseigner Dieu sur nos besoins, il les connaît infiniment mieux que nous, ni de l'amener à consentir à leur satisfaction, car sa bonté infinie ne cesse de vouloir notre bien, mais de faire coïncider notre volonté à la sienne pour que son amour trouve en nous une réponse de plus en plus parfaite. Beaucoup se sont découragés qui n'avaient rien obtenu, oubliant que ce qu'il s'agit d'obtenir, c'est le don de soi-même.
Intériorité
"Ne va point au dehors, rentre en toi-même ; dans l'homme intérieur habite la Vérité." St Augustin. Pas de vie spirituelle sans vie intérieure, dimension souvent oubliée dans le monde, où tout est fait pour l'apparence, c'est à dire pour l'extérieur : "Des hommes sans nombre, écrivait Bernanos naissent, vivent et meurent sans s'être une seule fois servi de leur âme". A l'opposé de cette attitude, Thérèse de Lisieux écrivait de son côté : "Je comprends et je sais par expérience que le Royaume de Dieu est au dedans de nous." Le moine s'est engagé sur un chemin qui mène à la rencontre de sa propre intériorité là où Dieu est vivant, comme source et origine de lui-même, "plus présent à nous-même que le plus intime de notre être" selon une parole de saint Augustin. Tout son attrait est vers l'intérieur, et il prend conscience, chaque jour un peu plus, qu'en rester à la superficie de lui-même lui fait manquer le but de sa vie, tout comme la flèche de l'archer qui manquerait sa cible. La pratique de la vie monastique n'a d'autre but que de favoriser cette démarche, et de proposer à l'homme des moyens favorables pour l'aider à rentrer en lui-même, là où habite la Vérité. Le vrai moine est celui qui vit au dedans, les sens fermés aux bruits et aux visions de ce monde, les yeux ouverts et les oreilles attentives aux seules réalités intérieures.
Unité
Le nom de "moine" vient d'un mot grec qui veut dire seul, ou un. Le moine cherche son unité : il désire unifier les divers composants de son être pour vivre pleinement. Chaque jour nous prenons conscience que nous sommes des êtres dispersés, attirés à la fois par une chose et par son contraire, et nous souffrons de cette situation.
La vie au monastère nous aide à nous recentrer, à laisser de côté l'accessoire pour nous adonner au seul nécessaire, et faire ainsi l'unité à travers des activités multiples.